Féministes et hommes engagés, sortir de l’androcentrisme et développer l’empathie

A lire ! Relire, relire... à pratiquer quoi, comme tout chemin de conscience, de désaliénation, d'émancipation, d'autonomie.

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Féministes et hommes engagés, sortir de l’androcentrisme et développer l’empathie

par Julien Cart (son site)
jeudi 11 août 2011

Cet article vise à interroger, d'après les lumières de l'œuvre de Léo Thiers-Vidal, homme féministe engagé, la façon dont les hommes se positionnent au sein des revendications féministes. Avons-nous, en tant qu’hommes, une réflexion et des pratiques quotidiennes en accord avec ce que nous défendons ? Nous chercherons à comprendre pourquoi et en quoi les théories de certains hommes féministes minimisent les rapports d'oppression entre les sexes, et, enfin, nous proposerons des pistes pour sortir du piège androcentrique.

Léo Thiers-Vidal se rapporte à son expérience personnelle d'homme féministe engagé ayant participé à des groupes « pro-féministes » dans différents pays, sur son travail de thèse qui a débouché sur l'analyse empirique du vécu d'hommes (féministes et non-féministes), et enfin, sur la lecture qu'il fait des recherches d'hommes engagés féministes. Selon Vidal (2010), les hommes engagés dans les questions féministes sont souvent confrontés à une résistance qui bloque toute dynamique constructive entre les féministes et eux, un décalage genré s'instaurant. Alors que les féministes dans les rapports sociaux de sexe questionnent la réalité en termes de pouvoir, certains hommes engagés tendent à voiler les rapports d’oppression. Vidal explique cette négation du fait que « les thèses féministes radicales représentent un enjeu intellectuel et existentiel conflictuel car elles proposent une telle vision de la réalité qu'il est difficile d'éviter soit le rejet pur et simple, soit la culpabilisation. » (Vidal, 2010, p. 93). L'analyse féministe matérialiste démontre que les pratiques sociales matérielles entre femmes et hommes relèvent de l'oppression, de l'exploitation et de l'appropriation. Il y a donc une hiérarchisation matérielle entre d'une part les humains dominants – les hommes – et les humains dominés – les femmes : « le masculin et le féminin sont les créations culturelles d'une société fondée, entre autres hiérarchies, sur une hiérarchie de genre » (Delphy, 1991, p. 98). La domination sur les femmes est constituée d'un réseau serré de faits, de pensées, de données qui affectent notre vie toute entière. L'oppression des hommes sur les femmes se fait à tous les niveaux, si bien que l'on peut parler de rapports de classes. Vidal (2010) explique donc que l’étude des rapports sociaux de sexe oblige à saisir l'importance du lien entre sujet connaissant et objet de recherche : puisque les hommes engagés sont membres du groupe oppresseur, ils doivent reconnaître et accepter que leur subjectivité est structurée par la position masculine. Pour produire des analyses non-biaisées et pertinentes, il s'agira pour eux d'élaborer une conscience anti-masculiniste pour ne pas reproduire des biais masculinistes. Mais les hommes engagés doivent faire face à une double difficulté (Vidal, 2002) : comprendre des analyses féministes qui désignent leur existence comme source permanente d’oppression des femmes et apprendre à gérer les conflits intérieurs qui en découlent. Si comme le souligne Vidal (2010), les luttes féministes ont permis de transformer la réalité en imposant des rapports de force collectifs et individuels, publics et privés contre les hommes, et si au sein des rassemblements anti-masculinistes, les hommes intègrent plus systématiquement le fait qu'ils participent à l'oppression, il n'en reste pas moins que leur position d'oppresseur tend à influencer leur analyse et ressenti vers une négation ou minimisation des rapports d'oppression : « La position sociale d'oppresseur tend à influencer notre analyse et notre ressenti vers une négation ou minimisation des rapports d'oppression, puisque cette attitude rendrait nos vies encore plus agréables » (Vidal, 2010, p. 98). De plus, les thèses féministes radicales « représentent un enjeu intellectuel et existentiel conflictuel car elles proposent une telle vision de la réalité qu'il est difficile d'éviter soit le rejet pur et simple, soit la culpabilisation. » (Vidal, 2010, p. 93). L’androcentrisme tel que le décrit Vidal (2010) est défini comme un égocentrisme affectif, psychologique et politique masculin, lequel permet aux hommes de maintenir leur qualité de vie matérielle, psychologique, sexuelle et mentale. Ceux-ci ont donc intérêt de ne pas rendre conscient le caractère oppressif de leurs rapports avec les femmes, s’incarnant dans un refus d’empathie envers celles-ci : « Il semblerait qu’il soit impossible pour la plupart des hommes « engagés » d’accepter simplement que la (qualité de) vie des femmes est minée voire annihilée par les actes des hommes. » (Vidal, 2002). L'androcentrisme psychologique et affectif est « un refus d’empathie envers les femmes. Toute évocation de la violence faite aux femmes par les hommes - lorsque celle-ci n’est déjà pas évacuée de prime abord sous prétexte de ne pas se laisser déterminer par l’ordre du jour féministe - est détournée de multiples façons : soit elle sert à évoquer leurs propres souffrances (« mais moi aussi, je souffre »), soit elle est rejetée sur d’autres hommes ou un quelconque système les dépassant (masculinité hégémonique, patriarcat), soit elle est retournée contre les femmes (« mais elles doivent bien y trouver quelque chose, non »), soit elle est évacuée par une auto culpabilisation permettant de rester centré sur soi-même (« c’est affreux, je souffre d’être dominant »). » (Vidal, 2002). Quant à l'aspect politique de l'androcentrisme, Vidal explique que « l’évocation des rapports entre femmes et hommes amène ces hommes à parler de leurs vécus personnels en excluant progressivement le vécu des femmes concrètes dans leurs propres vies. Le féminisme fonctionne alors comme un outil thérapeutique destiné à améliorer la qualité de vie masculine : les hommes utilisent l’analyse féministe pour transformer leur vie dans le sens de plus de bien-être ; si cela ne marche pas, alors ils rejettent le féminisme. » (Vidal, 2002).


Cette négation ou minimisation des rapports d'oppression s'observe dans les études menées par certains hommes féministes engagés tels que Bourdieu et Welzer-Lang principalement, lesquels donnent une importance surdimensionnée à la souffrance des dominants, tout en présentant les hommes comme prisonniers du genre. La prison de genre, comme l'explique Vidal (2010), part du principe que les hommes sont victimes d'une aliénation et contribue à développer un discours de victimisation chez les hommes. Welzer-Lang définit cette aliénation comme étant le versant masculin de l'oppression de genre, comme le prix que les hommes devraient payer pour être des hommes, des membres du groupe dominant. Bourdieu parle du piège masculin imposant à chaque homme le devoir d'affirmer en toute circonstance sa virilité, si bien qu’il fait des hommes des prisonniers, victimes eux aussi, développant un regard compatissant sur le vécu masculin. Le problème de cette analyse en termes de rôle et de prison de genre est qu’elle instaure une vision symétrique des rapports de genre. Il existerait un même mécanisme extérieur qui agit sur les hommes et les femmes et les deux seraient victimes de ce mécanisme. Tous les chercheurs hommes ne défendent pas cette position, Stoltenberg affirmant qu'il « faut considérer les intérêts des opprimées de façon prioritaire par rapport à leurs propres enjeux » (1990, p. 195). Vidal (2010) montre bien qu'il est en effet plus facile de s'intéresser à soi à son épanouissement voire sa propre douleur, que d'être conscient de sa responsabilité individuelle et collective dans l'oppression des femmes. L'aliénation masculine renforce la solidarité masculine et donc l'identité de classe sexuelle. Or la transformation des rapports de genre exige une rupture entre les hommes en fonction de la critique théorique et pratique de l'oppression de genre et un véritable militantisme anti-sexiste, sinon cela ne fera que renforcer l'androcentrisme, l'égoïsme collectif des dominants. Mais force est de constater que cette remise en question radicale d'avec la masculinité n'est pas au programme de tous les auteurs qui prétendent, ou ont pu prétendre au titre de pro-féministe. Welzer-Lang semble en effet avoir renoncé à une remise en question sans concession de la domination lorsqu'il parle dans son dernier livre, au chapitre « la culpabilité d’être un mec », du fait que si les hommes se remettent trop profondément en question, ils risquent des conséquences négatives pour leur santé : « La culpabilité a souvent été un moment pionnier dans nos changements, un passage. Parfois, nous ne l’avons pas quittée. Logiquement, nous avons alors adhéré à la victimologie ambiante [...] Mais comment s’aimer, vivre, si on méprise tous les hommes ? Comment exister si nos discours, notre imaginaire consistent à nier toute une partie de nous-mêmes ? Certains d’entre nous en viennent au suicide. » (Welzer-Lang, 2009, p. 144-145). Cette tendance à trouver quelque excuse à la remise en question de l’oppression masculine et des privilèges qu’elle octroie aux hommes, est propre au masculinisme, terme utilisé pour la première fois par Michèle Le Doeuff, qui l’a défini de la façon suivante : « ce particularisme, qui non seulement n’envisage que l’histoire ou la vie sociale des hommes, mais encore double cette limitation d’une affirmation (il n’y a qu’eux qui comptent, et leur point de vue) » (1989, p.55). Comme le souligne la féministe Nicole-Claude Mathieu « ce qui [les] préoccupe, c’est l’homme, c’est-à-dire [eux-mêmes], encore et toujours » (1999, p.308). Enfin, l’idée d’aliénation masculine ne prend pas en compte l'utilité politique pour les hommes de certaines qualités relationnelles et psychiques acquises grâce à la socialisation. Comme l’explique Vidal (2010), la notion de socialisation masculine ne doit plus être vue uniquement comme l'apprentissage d'un rôle de genre, mais comme une éducation à l'oppression. Ces hommes féministes ne perçoivent pas (Monnet, 1999) que certains comportements sont utiles pour maintenir ou instaurer le rapport d'oppression face aux femmes. Par exemple, le fait de ne pas pleurer et de ne pas montrer ses émotions permet d'éviter d'être vulnérable. Corinne Monnet parle « de refus de la part des hommes et non d’incapacité de parler de soi et de l’intime, parce que [elle] pense que si les hommes éprouvent des difficultés dans leur relation à autrui, induites par leur non-expression de leurs émotions et non-parole sur l’intime, ce n’est pas dû à la seule socialisation masculine (« un garçon ne pleure pas, » etc.) mais aussi à leur désir de dominer. Exprimer ses émotions tend fortement à réduire sa position de pouvoir, le pouvoir ayant de forts liens avec la non-expression de la vulnérabilité. Les hommes ne sont pas des agents passifs du patriarcat, mais bien actifs. » (1997, p. 198). Vidal (2010) reprend Stoltenberg qui explique que le vécu dominant requiert une identification à l'identité sexuelle masculine et un apprentissage de la non-empathie allant de pair. Ce n'est donc pas l'autre versant de la médaille, le prix à payer, mais ce vécu fait partie intégrante de l'oppression de genre : il a une fonction précise dans l'oppression des femmes.


Autre tendance qui a cours chez certains hommes engagés, l'idée de la responsabilité des femmes dans les rapports d'oppression. Comme le dénonce Vidal (2010), Bourdieu parle de « la soumission enchantée », de « contribution à leur propre domination », et même d'« accomplissement avec bonheur par les victimes ». Cette idée du consentement, d'une collaboration des femmes à leur oppression et exploitation qui « accomplissent avec bonheur les tâches subalternes ou subordonnées » (Bourdieu parle même de « dispositions à la soumission » !) remet la responsabilité de la domination sur les épaules des dominées : on oublie ainsi l'intentionnalité consciente des actes d'oppression masculine, niant ainsi le rapport d'oppression. Cette approche pousse à considérer qu'un même mécanisme extérieur agit sur les hommes et les femmes et que les deux seraient victimes de ce mécanisme : « les deux catégories de sexe sont (…) dominées par la domination » (Mathieu, 1999, p. 308). Comme le note Vidal (2010), même si les hommes féministes se reposant sur cette position se défendent de symétriser leurs analyses des rapports de genre, l'accentuation, voir une survisibilisation de la douleur masculine a un effet symétrisant voire vise à attirer un regard compatissant sur le vécu masculin. Cette théorie du consentement développe qui plus est une vision statique des rapports de genre : les femmes sont soumises et les hommes victimes. Cela a comme conséquence, comme le souligne bien Vidal (2010), une réintroduction dans une analyse sociale des fonctions déterministes de l'analyse naturaliste déconstruite pourtant avec acharnement par les féministes radicales. Dans cette perspective, les femmes ne peuvent qu'espérer un dépérissement progressif de la domination masculine, ce qui exclu et invisibilise les nombreuses formes de résistance mises en place par les femmes. Enfin, le rapport d'oppression ne passe pas essentiellement par la violence symbolique comme le laisse supposé cette théorie du consentement, mais bien par la violence économique, démographique, physique des hommes contre les femmes. La question du « consentement » (de la complicité, de l'ambiguïté, de la responsabilité, de...) omet d'intégrer les différents mécanismes de limitation de la conscience des dominées. Vidal (2010) reprend les propos de la féministe Nicole-Claude Mathieu (1991) qui explique que les difficultés des femmes de prendre conscience des rapports d'oppression de genre est due aux effets psychiques des rapports d'oppression. En effet les femmes doivent faire un le travail physique et mental plus important que les hommes (double journée de travail, travail d'élevage d'enfants, travail psychologique et conversationnel[1] au service des hommes, etc.) qui limite leur champ de pensée et d'action. Sans compter le fait que la mixité inégalitaire permanente qu'imposent les hommes aux femmes (omniprésence des hommes) créé une médiation de la conscience des femmes et rend difficile une conscience de groupe ou de classe : « Quand la conscience de soi est noyée par la conscience excessive des autres, on ne peut se créer sujet », et la conséquence est « l’appropriation des femmes par les hommes. » (Monnet, 1999, p. 187). Corinne Monnet reprend l’analyse de la féministe Colette Guillaumin (1992) qui explique que quand on est approprié matériellement on est dépossédé mentalement de soi-même, l’appropriation matérielle nous dépossède de notre autonomie. Pourtant la liberté mentale des femmes est possible, elle passe par une lutte et un effort permanent pour conquérir des espaces précaires de liberté. Mais le fait de s'appuyer sur une théorie du consentement et de la soumission amène à une vision de l'acceptation passive des femmes de leur statut d'opprimée, niant le fait qu'il existe à la base un rapport profondément asymétrique entre les sexes et que la responsabilité première incombe aux hommes qui perpétuent l'oppression et les structures la permettant.


Les hommes engagés devraient donc plutôt, comme l'explique Vidal (2010), suivre les recommandations des féministes qui leur conseillent pour leurs travaux de déceler et d'analyser les mécanismes et techniques d'oppression utilisés par les hommes contre les femmes.


Afin de devenir conscient de leur position d’oppresseurs il s'agit pour les hommes engagés de découvrir des façons de saisir pleinement les conséquences de cette structuration pour ne pas reproduire des biais masculinistes et d'élaborer une conscience anti-masculiniste. S'il existe une asymétrie des vécus et enjeux hommes-femmes et une difficulté d'empathie, il est intéressant de se poser la question sur la manière dont il est possible d'en prendre conscience. Quels sont les moyens d’élaborer une conscience anti-masculiniste, capable de transformer la subjectivité masculine afin qu’elle intègre pleinement l’existence des femmes et leur vécu opprimé ? Seule l’empathie, qui passe par une remise en cause personnelle et une rupture avec le groupe social « homme » et avec la masculinité, peut le permettre.


Pour ce faire, il s'agit selon Vidal (2010) d'identifier le fonctionnement des dominants et de la manière dont nous défendons nos privilèges masculins (prise de décision, temps de parole, division genrée des tâches, etc.) : ce peut être par exemple en participant à différentes expériences mixtes et non-mixtes de lutte contre l'oppression masculine. Si beaucoup du vécu des femmes peut être ressenti ou du moins entendu et compris par les hommes (exploitation du travail domestique), il est plus difficile pour eux de comprendre le concept du servage et les dynamiques appropriatives (appropriation des corps, domestique et l'exploitation de la reproduction) ou réifiante (pornographie, publicités sexistes, etc.). Si bien qu'un certain nombre de réalités vécues par les femmes doivent être explicitées et partagées. Un moyen de sortir de notre androcentrisme est donc de se mettre à la lecture et écoute de récits de femmes décrivant et dénonçant certains comportements et leurs effets. Cette démarche est indispensable car si « hommes et femmes vivent dans un même monde, leurs vécus sont tellement opposés en fonction de leur position de pouvoir qu'ils ne peuvent pas avoir accès de façon comparable aux mêmes éléments de la réalité » (Vidal, 2010, p. 85-86).


Nous avons constaté dans ce travail que la défense égoïste des hommes de leurs propres intérêts motive les hommes engagés à exclure de leur analyse le vécu opprimé des femmes, et à rester centrés sur eux-mêmes. Comme le note Vidal (2010), c’est aussi en refusant d’empathiser avec les femmes que les hommes engagés demeurent liés au groupe social des hommes en général. Seul un travail théorique, politique et personnel sur cet aspect de la subjectivité masculine permettra donc de briser le lien avec le groupe social des hommes et d’élaborer une conscience anti-masculiniste. Il faudrait alors transformer la subjectivité masculine afin qu’elle intègre pleinement l’existence des femmes et leur vécu opprimé, ce qui implique pour les hommes une remise en cause personnelle et une rupture avec leur groupe social et avec la masculinité. Le premier temps d’une transformation de la subjectivité masculine consiste, selon Vidal (2010) à lire et analyser de façon approfondie les théorisations féministes. Celles-ci permettent de transformer les grilles de perception et d’analyse des rapports sociaux de sexe, éléments cruciaux de la subjectivité. En cela, la lecture préalable des travaux fondateurs de Christine Delphy, Colette Guillaumin, Nicole-Claude Mathieu, Paola Tabet et Monique Wittig est incontournable pour que les chercheurs-hommes entament une rupture du lien entre eux-mêmes et leur groupe social.


Dans un second temps, Vidal (2010) propose aux hommes engagés de participer à des dynamiques collectives et militantes, contrôlées par les féministes, comme par exemple la participation aux expériences mixtes et non-mixtes de lutte contre l'oppression masculine. Il est important que nous nous intégrions aux luttes et au travail de terrain contre différents aspects de l’oppression des femmes, ce avec les féministes.


Cela permettra de comprendre sur le terrain le vécu opprimé des femmes, et contribuera à développer l’empathie en amenuisant nos résistances masculines aux théories féministes. Pour sortir de la domination, participer aux groupes féministes est donc très utile ! Ce n'est pas uniquement en imaginant la souffrance des femmes « entre hommes » que l’on va vraiment comprendre ce que les femmes vivent. De plus, cela permettra de prendre conscience de la façon dont nous-mêmes continuons d'utiliser les stratégies de domination, y compris dans un contexte féministe. Car c'est seulement en parvenant à nous désolidariser du groupe social des hommes et de ce qui le caractérise, la masculinité et le masculinisme, que nous pourrons, à travers un apprentissage de l'empathie, construire un monde où les rapports d'oppression hommes-femmes auront définitivement disparu. We can do it too !




(illustration de Ludivine Cornaglia)



Bibliographie :


Delphy, C. (1991). Penser le genre : quels problèmes ? In M.C. Hurtig et al., (Ed.), Sexe et genre, Paris : Editions du CNRS.

Guillaumin, C. (1992) Sexe, Race et Pratique du pouvoir. L’idée de Nature, Côté-femmes éditions.

Le Doeuff, M. (1989). L’étude et le rouet. 1. Des femmes, de la philosophie, etc. Paris : Seuil.

Mathieu, N-C. (1999). Bourdieu ou le pouvoir auto-hypnotique de la domination masculine, Les Temps Modernes, 604, 286-324.

Monnet, C. (1997), À propos d’autonomie, d’amitié et d’hétérosexualité, in : Monnet, C. & Vidal, L. (dir.), Au-delà du personnel. Pour une transformation politique du personnel, Lyon : ACL, p. 179-216.

Stoltenberg, J. (1990). Refusing to be a man. Essays on sex and justice. Portland : Meridian.

Thiers-Vidal, L. (2002). De la masculinité à l’anti-masculinisme : Penser les rapports sociaux de sexe à partir d’une position sociale oppressive ». Nouvelles Questions Féministes, 21(3), 71-83.

Thiers-Vidal, L. (2010). De "l’ennemi principal" aux principaux ennemis : position vécue, subjectivité et conscience masculines de domination. Paris : Harmattan.

Welzer-Lang, D. (2009). Nous, les mecs. Essai sur le trouble actuel des hommes, Payot


[1] Voir « La répartition des tâches entre les femmes et les hommes dans le travail de la conversation », Corinne Monnet, Les Nouvelles Questions Féministes, Vol.19, 1998.


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