JE suis responsable de me dire

Les mots sont imparfaits à exprimer ce qu'on a dedans. Il ne reste pas grand chose à la sortie de l'entonnoir.
Nos capacités de compréhension de ce que dit l'autre ne sont pas très bonnes
Les bonnes conditions sont rares : du calme, la disponibilité de chacun...

J'avais le sentiment dès les premières phrases émises que ça ne passait pas, que l'autre ne comprenait pas comme il faut.
Le sentiment "à quoi bon ?", "et puis c pas vraiment intéressant de toutes façons", "et puis surement ça l'intéresse pas vraiment"
Ca m'a longtemps rendu silencieux, muet ou presque. Ou en attente de questions...

Et puis il m'est arrivé doucement de m'autoriser à tâtonner, à répéter, à reformuler, à écrire.
De me dire que ce n'est pas du désintérêt de l'autre, que c comme ça, il faut y aller.
Et de vivre la joie d'une expression choisie et juste. = action
Et la joie d'un sentiment de compréhension. = retour
Ça s'accompagne d'un fort sentiment d'existence (je suis responsable, actif et j'ai des résultats positifs)
et de la douce sensation d'une commune humanité (l'autre peut comprendre, je ne suis pas un extraterrestre).

Alors je crois de + en + que ça vaut le coup de prendre ses responsabilités : écoute-moi stp, j'ai qq chose à dire et à TE dire
et de courir ces risques :

    que parfois l'autre s'en foute vraiment,
    que parfois l'autre ne comprenne vraiment pas,
    que parfois ça ne sorte vraiment pas juste.
    que parfois il faille répéter, reformuler, y revenir sous d'autres formes.


JE suis responsable de me faire bien comprendre, JE suis responsable de me dire.
Donc, si je veux que l'autre comprenne qq chose, il faut que j'accepte de faire sortir des choses de moi, pour les mettre au milieu, c'est à dire dans la relation.
L'autre peut faciliter, en étant présent dans la relation, en disant "là, j'écoute". Mais ça ne veut pas dire "là, je vais comprendre".
In fine JE suis responsable de dire ce que j'ai besoin de dire et de vérifier que c'est compris comme je veux.

Des fois c'est dur de se raconter. Je crois qu'on peut dire "écoute-moi bien, c'est pas facile à dire"
mais il y a qq chose de glissant à dire "intéresse-toi à moi", voire "si tu m'aimes, intéresse-toi à moi !", voire "je vais bien me cacher et si l'autre ne voit rien, c'est qu'il ne m'aime pas assez !".

JE suis responsable de ce qui sort de moi. Sinon je demande (inconsciemment) à l'autre de pénétrer dans moi pour venir y chercher des éléments de compréhension.
Ca peut paraitre flatteur pour l'ego "on s'intéresse à moi", mais en fait ça finira en intrusion...
Qq part, l'autre n'a pas à "s'intéresser" à moi, pas jusque là, pas jusqu'à dedans moi. C'est trop loin.
Ce qu'il se passe dans soi, l'autre n'y peut rien. Chacun ne peut atteindre que ce qu'il se passe entre. Mon chemin est mon chemin, les autres ne peuvent que le voir du dehors, si je veux bien le raconter.
Et bien sûr ça m'aide si on m'invite régulièrement à m'exprimer, si on montre une attention, si on pose un moment d'écoute. Ça m'aide à parler et ça renforce mon sentiment de valeur, donc ma confiance en moi. Mais ça ne peut pas venir tout le temps de l'autre, l'autre ne peut que faciliter, pas déclencher à chaque fois.

Et s'exprimer sur soi, c'est différent de faire des demandes claires, explicites, pour/dans cette relation.
Dire "attention là je ne parle plus de moi en général, là je demande qq chose pour nous, je te demande qq chose A TOI pour CETTE relation".

Chacun met ce qu'il veut au pot commun, chacun est responsable de ce qu'il met, responsable de sa partie de la relation, de son bout d'écharpe
(je lâche mon bout d'écharpe, je lui tourne le dos, je le secoue fort ou doucement, je le lave et le repasse, je le tisse et retisse...).
= donner.
Chacun pioche ce qu'il veut dans l'écharpe, chacun est responsable de ce qu'il accepte de prendre pour lui, en lui.
= recevoir.
Tout se passe au milieu, dans l'écharpe, dans la relation, ce qui nous relie, et qui nous tient aussi non-fusionnés : 2 êtres distincts et 1 relation entre eux.
Si on confond la relation et les personnes,
alors plus personne n'est responsable des entrées et sorties en soi,
alors plus personne n'est respecté.



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