Le Travail Qui Relie

Source : http://roseaux-dansants.org/jm.htm

Joanna Macy

Docteur en Philosophie, Joanna Macy, spécialiste du Bouddhisme, de la théorie Générale des Systèmes et de l’Ecologie profonde, est une fondatrice de l’Eco-philosophie et de l’Eco-psychologie. Elle est également une voix respectée des mouvements pour la paix, la justice sociale et un environnement sain. Depuis cinq décennies de recherches et d’activisme, elle est pionnière de l’élaboration d’un cadre théorique pour le nouveau paradigme de transformation personnelle et sociale, avec une solide méthodologie sous la forme d’ateliers où s’effectue cette transformation.

Le domaine très étendu de son oeuvre porte sur la problématique psychologique et spirituelle de l’ère nucléaire, la culture d’une conscience écologique, et la résonance fructueuse entre la pensée bouddhiste et la science contemporaine. Les multiples facettes de ce travail sont explorées dans ses livres: Despair and Personal Power in the Nuclear Age (New Society Publishers, 1983); Dharma and Development (Kumarian Press, 1985); Thinking Like a Mountain (avec John Seed, Pat Fleming, et Arne Naess, New Society Publishers, 1988); Mutual Causality in Buddhism and General Systems Theory (SUNY Press, 1991); World as Lover, World as Self (Parallax Press, 1991); Rilke's Book of Hours (1996, 2005) ainsi que In Praise of Mortality (avec Anita Barrows, Riverhead, 2004); et Coming Back to Life: Practices to Reconnect Our Lives, Our World (avec Molly Young Brown, New Society Publishers, 1998). Joanna a également une autobiographie: Widening Circles (New Society Publishers, 2000). Récemment elle a publié Pass It On: Five Stories That Can Change the World (avec Norbert Gahbler, Parallax Press, 2010), et Active Hope: How to face the mess we are in without going crazy (avec Chris Johnstone, New World Library, 2012).

Depuis plus d'une trentaine d’années, des milliers de personnes dans le monde entier ont participé aux ateliers et formations de Joanna, sa méthodologie est adoptée et adaptée plus largement encore dans des contextes scolaires, de mouvements citoyens, et d’associations diverses. Son travail aide les personnes à transformer le désespoir et l’apathie, face à l’énormité de la crise écologique et sociale, en action constructive et collaborative. Ce travail nous révèle une nouvelle vision du monde, comme d’un immense corps vivant dont nous faisons partie, nous libérant ainsi des préjugés et des attitudes qui menacent la continuité de la vie sur Terre.

Joanna donne des conférences, ateliers et des formations en Amérique du Nord, Amérique du Sud, en Europe, en Asie et en Australie. Elle vit à Berkeley, en Californie, près de ses enfants et petits-enfants.

Ecologie profonde
Le terme Ecologie profonde (Deep Ecology en anglais) est emprunté en 1973 au philosophe scandinave Arne Naess qui utilisait le mot 'profond' pour désigner le vécu de l'écologie, en opposition avec sa simple étude, dans un contexte philosophique - tandis que l’écologie est l’étude des relations des systèmes vivants avec leur milieu, l'Ecologie profonde désigne le ressenti de notre appartenance à la toile de la Vie.

En 1988 Arne Naess, Joanna Macy, John Seed et Pat Fleming ont publié Thinking Like A Mountain – Towards a Council of All Beings (Penser comme une Montagne – Vers un Conseil de tous les Etres). Ce petit livre, plein de poésie, décrit des premiers exercices donnant forme et méthode à une pratique née de l’expérience et l’observation d’un processus. A l’époque on parle de Deep Ecology Workshop, l’Atelier d’Ecologie profonde, parce que cela se vit collectivement, et que son but est de trouver en nous-mêmes notre propre écologie profonde.

Ces ateliers sont pratiqués dans une quarantaine de pays depuis les années 80. La pédagogie développée a eu différents noms selon l'évolution du travail, - Deep Ecology, Despair and Empowerment, ou encore Towards a Council of All Beings. Dans les pays anglo-saxons, si on parle aussi bien d’ateliers d’Ecologie profonde, son nom définitif est The Work that Reconnects : le Travail qui Relie. En France, on parle aussi d’Ecopsychologie pratique.

Pourquoi ce travail ?
Dans les années 50, Joanna s'interrogeait : comment se fait-il que nous savons que nous allons vers le suicide planétaire et que nous continuons quand même à agir comme si de rien n'était?

C'est Lavoisier qui a découvert le réflexe arc chez la grenouille - sa capacité à bondir hors de l'eau lorsqu'on la jette dans une marmite d'eau bouillante. L'image utilisée pour décrire notre situation planétaire est celle de la grenouille que l'on met dans une marmite d'eau froide… on fait chauffer à feu doux. Petit à petit la chaleur l'étourdit puis l'endort, la privant de sa réponse de survie, ce fameux réflexe arc. Elle se laisse mourir à petit feu.

Le mécanisme de la société de croissance industrielle repose sur l'endormissement des esprits et le refoulement collectif des émotions en rapport avec notre appartenance à la Vie. Si bien que toute tristesse, colère ou peur pour la Terre (dont nous faisons nous-mêmes partie évidemment) devient tabou: si on verse des larmes pour une eau polluée, une guerre ou une famine, on est stigmatisé en tant qu'hypersensible. Ce refoulement collectif de la crise empêche une réponse saine, coupe notre lien de solidarité humaine, comme avec les autres espèces et notre planète, la Terre. Notre identité écologique s'en trouve étouffée.

L’expérience de notre écologie profonde nous réveille à notre amour pour la Terre. Malgré nos paradoxes, nous souhaitons mener une vie plus harmonieuse. Le désir de survie de la Terre agit à travers nous: nos souhaits les plus profonds s'alignent sur ce désir.

Le Changement de Cap
Joanna Macy évoque The Great Turning, le Changement de Cap. Nos descendants considéreront certainement cette époque-ci comme une époque charnière. S'ils sont bien là, c'est parce qu'une minorité de leurs ancêtres auront mené une révolution écologique : à partir d'une société de croissance industrielle, ils auront mis le cap sur une société qui soutient la Vie. Une société de justice sociale, qui ne produit pas de déchets que la Terre est incapable de digérer, une société pérenne. Ce changement de cap impose trois conditions:
  -   la défense de la Vie,
    - la création de structures alternatives,
    - le changement de conscience
Cette métamorphose se réalise ensemble, pour le Vivant, pour l'émergence d'une conscience écologique et collective.

Travail qui Relie : Travail collectif, travail de coeur
pour se relier à la toile de la Vie
Le Travail qui Relie est une pédagogie holistique de groupe qui permet à l’être humain de prendre sa juste place sur Terre. En puisant à la source de la vie, il y retrouve ses racines et son appartenance, il ouvre le champ des ressources spirituelles et psychologiques dont il a besoin pour faire face à la situation planétaire actuelle. Ces ateliers proposent différentes pratiques pour transformer notre inquiétude justifiée en engagement créatif.

De caractère expérientiel, cette pratique d'émergence de notre éco-conscience fait appel à toutes les dimensions de l'être humain: mentale, émotionnelle, physique, spirituelle, ainsi qu'à sa capacité d'action sur le monde.

Les racines de la pratique
Pour Joanna, cette pratique s’inspire de trois grands courants:
    Des sagesses anciennes : de diverses traditions telles que tibétaine, amérindienne, celte, aborigène, et d’autres peuplades du monde entier.
    Des découvertes scientifiques contemporaines, telles qu’en physique quantique, ou que l’hypothèse des champs de résonance morphique de Rupert Sheldrake, et tout particulièrement de la théorie des systèmes vivants.
    De la peine indicible que nous portons pour notre monde, source d’information, de motivation, et de clarté.

Echos de la thérapie Gestalt, de l’écopsychologie, de la pensée de C.G Jung, des pratiques des quakers, ce travail est également informé par de nouveaux apports venant des praticiens du monde entier.

Comment se déroule le week-end
La structure du travail suit un voyage en spirale de quatre étapes bien définies : gratitude; honorer notre peine; changer de perspective; et aller de l’avant. Ces étapes assurent un processus complet qui nous permet de faire l’expérience de notre lien fondamental à la toile de la Vie. Ayant défini nos objectifs personnels, nous créons un réseau de soutien et d’action.
La forme des exercices
Holistique, ce travail prend en compte toutes les dimensions de l'être humain, pour se manifester ensuite dans l’action. L’approche holistique reconnaît l’importance d’un travail intégré. Les exercices se déroulent en groupe, à deux, à quatre ; en salle, en yourte, au sol avec des coussins, sous un chêne, en immersion méditative dans les sous-bois ou au bord d’un lac…
Un atelier de ‘bien être humain’
Le Travail qui Relie mène à un approfondissement de l’expérience d’être un être humain. Touchés sur le plan relationnel, nous nous rencontrons dans une démarche authentique, ce qui nous permet d’entrer dans une réelle communication.

Un principe connu en psychologie est que de s’autoriser à sentir sa peine permet de sentir plus vivement sa joie. Après cette expérience, nous repartons plus reliés les uns aux autres, plus reliés à nous-même, à notre corps, plus motivés, plus confiants, et plus amoureux encore de notre Terre…


Commentaires