Circlusion : les mots pour le dire, les mots pour le faire

 Source : https://laplumelibreiej.wordpress.com/2021/03/02/circlusion-la-nouvelle-facon-de-parler-sexe/


 

Et si on pratiquait la circlusion ? Ce mot peu connu du langage courant se veut égalitaire de la « pénétration ». Une façon de changer de perspective dans notre manière de percevoir le sexe.

Repenser notre approche sur la sexualité grâce à la circlusion. Inventée en 2016 par la sociologue et philosophe allemande, Bini Adamczak, et « popularisée » plus tard en France en 2019 par l’auteur Martin Page, la circlusion remet les femmes au centre de l’acte sexuel. Un mot plus juste pour définir la pénétration, mais dans le partage. « Le mot circlusion nous permet de parler autrement de sexe. Ce mot est nécessaire car cette triste fixette sur la pénétration domine toujours dans l’imaginaire hétéro-normatif et domine aussi dans l’imaginaire queer », écrit Bini Adamczak, dans son article dans GLAD ! revue sur le langage, le genre et les sexualités. Dans le domaine sexuel, circlure indique le fait d’entourer la verge par le vagin, la bouche ou l’anus. On passe donc d’un rapport pénétrant – pénétré (actif – réceptif) à un rapport circluant – circlué. Durant l’acte, le pénis prend donc un rôle passif. Ce mot permet d’avoir « une vision plus large qu’on a du corps féminin, où une femme ne s’allonge pas sur un lit, écarte les jambes, et attend que ça se passe », explique Maïa Mazaurette, chroniqueuse au Monde, dans l’émission la Bande originale sur France Inter et dans le talk-show Quotidien sur TMC.

    « Si on utilise le mot pénétration, on a l’impression que la femme ne fait rien »
Dans son dernier ouvrage intitulé La Vulve, la Verge et le Vibro, où elle qualifie la langue française de sexiste, elle décrypte un nouveau vocabulaire pour parler de sexe : « celui qu’on a et celui qu’on fait ». Elle utilise des mots qui mettent davantage en lumière les différentes identités et orientations sexuelles, mais aussi le corps féminin. « Si on utilise le mot pénétration, on a l’impression que la femme ne fait rien (…) seulement, toute femme sait très bien que, quand on reçoit une pénétration, donc quand on circlut, il y a des compétences qui rentre est jeu. On est active, car le vagin est un muscle. On lubrifie, on contrôle l’avancée du corps étranger dans son corps », analyse la spécialiste.

Une culture ancrée dans nos sociétés

Aujourd’hui, qui dit pénétration dit orgasme. Seulement, beaucoup d’études rappellent que les femmes jouissent plus difficilement d’une pénétration seule. C’est pour cette raison qu’elle est pointée du doigt, car elle répond davantage au plaisir masculin. En 2019, l’essayiste Martin Page publie Au-delà de la pénétration, un ouvrage qui interroge le sujet. Considéré comme une pratique « naturelle » qui s’immisce naturellement dans nos rapports sexuels, pour beaucoup encore, la pénétration est la seule manière de faire l’amour. Comme si les va-et-vient mécaniques et gages de plaisir, sont indispensables à l’éclosion orgasmique. C’est à ce moment-là que l’écrivain se pose une question : « peut-on imaginer que si seuls 25 % des hommes avaient du plaisir et arriveraient à jouir par la pénétration d’un vagin avec leur pénis, cette pratique serait aussi générale ? ». Il propose alors dans son livre de remettre au goût du jour ce terme. La femme devient maîtresse de son plaisir. Une façon de changer cette approche dominante de la sexualité, lorsque l’on parle de pénétration. Cependant, il faut parfois une décennie pour qu’une expression s’impose. Il faudra donc encore attendre pour que le verbe « circlure » rentre dans le vocabulaire courant.

Clara De Frutos

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