Podcast : Nous et les autres

 Source : https://www.slate.fr/audio/nous-et-les-autres/

Un podcast d'Émeline Amétis, réalisé par Alexandre Mognol.  

Qu'est-ce que le racisme? C'est à la fois un quotidien à subir des micro-agressions, la négation de soi, la dépossession de soi, et un mensonge sur le plan scientifique. À l'occasion de l'exposition «Nous et les autres au Musée de l'Homme», Slate.fr décortique les violences protéiformes du racisme.

Nous et les autres: Ce qu'est le racisme au quotidien

Un soir de printemps, Émeline Amétis, se rend à une soirée avec son amoureux, Maxime. «À ce moment-là, je suis heureuse: j’ai eu une semaine compliquée, et le week-end est l’occasion de retrouver mes proches», raconte-t-elle dans le premier épisode du podcast «Nous et les autres».

«Surtout, ce samedi-là, on a prévu de se rendre à une soirée. Une grosse soirée, organisée par un ami de Maxime. Il paraît qu’il a invité une centaine de personnes pour l’occasion.

Quand on arrive sur place, je ne me sens pas très à l’aise. Je suis timide depuis petite. Naturellement, je me replie sur les visages que je connais déjà, je bavarde avec quelqu’un que je n’avais pas vu depuis longtemps. Ça devient interminable, je perds le fil. Jusqu’à ce qu’il me tire les tresses. Les longues tresses que j’ai pris l’habitude de porter depuis quelques temps et qu’il faut cinq heures pour parfaire, comme les blancs aiment à savoir.

Je trouve le geste humiliant; j’y suis confrontée au moins deux fois par semaine, de la part d’inconnus, de connaissances, d’amis mais rien n’y fait: je ne sais pas quoi répondre.»

Bienvenue dans le quotidien d'une femme noire, pour qui le racisme est un enjeu de tous les jours, de toutes les heures, de la sphère privée à la sphère publique.

Comment le racisme vous dépossède de vous-même

Être réduit.e à ses cheveux, son corps, réifié, transformé par le regard des autres, c'est ce que doivent surbir les racisé.e.s. Ce que soulignait la romancière américaine Toni Morrison, en 1975, lorsqu'elle expliquait, à une conférence à Portland sur les Black Studies, que la fonction du racisme, sa fonction première, c’est la distraction: il vous entrave et vous oblige à expliquer encore et toujours votre raison d’être.

Emeline Amétis s'est entretenue avec Nadia, étudiante à l'université, qui soudain s'est retrouvée mise à l'écart, à cause de sa couleur de peau, singularisée par le professeur, qui ne voyait plus en elle que le fait qu'elle n'était pas blanche, ignorait son prénom, son statut d'étudiante, d'apprenante.

Dans ce deuxième épisode de notre podcast, Nadia raconte à Émeline Amétis jusqu'où le racisme de son professeur est allé. Pour écouter le premier épisode, c'est ici.

Et pour aller plus loin, Emeline Amétis vous invite à lire l'article de Mrs. Roots sur la sexualisation des femmes noires publié sur son blog, à regarder le podcast vidéo de Keyholes & Snapshots sur la négrophilie et à écouter l'enregistrement de la conférence des Black Studies à Portland, dans laquelle l'auteure Toni Morrison intervient.

Si les extraits du film Get Out de Jordan Peele — sur lequel elle a co-écrit un article — ou de l'interview de Stefi Celma vous interrogent, vous pouvez les (re)découvrir ici et là.

Le racisme, un mensonge scientifique

Lors de l'exposition sur le racisme au musée de l'Homme, nous pouvons lire que nous appartenons tous à la même espèce, Homo sapiens, «biologiquement homogène car, en 200.000 ans, elle n’a pas eu le temps de produire des différences majeures entre groupes d’individus. Deux individus sont à 99,9% identiques par leur génome. Entre deux Européens d’un même village, il y a quasiment autant de différences génétiques qu’entre un Européen et un Africain, ou un Africain et un Asiatique.»

Nous nous obstinons pourtant à vouloir nous centrer sur les différences, et sur des mensonges qui impliqueraient que racisés et non racisés fassent l'objet de différences réelles et profondes. Dans ce troisième épisode de notre podcast Nous et les autres, Émeline Amétis s'entretient avec Louise, une journaliste aux origines multiples, qui ne rentre dans aucune case et raconte son métissage.


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