Christiane Taubira... voilà voilà

 

 

Voilà voilà,
Je viens vous dire
Ce qu’au grand jamais, vous n’aurez
Voilà voilà
Nous leur dirons
Ce qu’au grand jamais ils n’auront

Prendre l’apparence pour la substance
Ce qui se voit pour ce qui est
Nous rétrécir à la couleur
Et croire qu’on va s’y résigner ?
Voilà voilà ce qu’au grand jamais vous n’aurez
Voilà voilà ce qu’au grand jamais ils n’auront

Entendre ces poncifs retors
« C’est l’sexe faible » ou « elles aiment ça »
Et laisser couler ce poison
Par mollesse, par accoutumance ?
Voilà voilà ce qu’au grand jamais vous n’aurez
Voilà voilà ce qu’au grand jamais ils n’auront

Nous faire exécrer les Métèques
Les accuser de tous les torts
De nos maux et de nos aigreurs
Au lieu d’bâtir un monde meilleur ?
Voilà voilà ce qu’au grand jamais vous n’aurez
Voilà voilà ce qu’au grand jamais ils n’auront

Cuire dans la grogne, la haine, l’envie
Enferrés dans des égoïsmes
En vouloir à l’autre et au pauvre
En vous regardant démolir ?
Voilà voilà ce qu’au grand jamais vous n’aurez
Voilà voilà ce qu’au grand jamais ils n’auront

Je crois ou pas, c’est mon affaire
Je crois en l’autre, je crois en moi (Nougaro)
Ils croient ou pas, ça n’change rien
Croyants ou non sont citoyens
Voilà voilà ce qu’au grand jamais vous n’aurez
Voilà voilà ce qu’au grand jamais ils n’auront

Vos command’ments, vos interdits ?
La vie n’est pas un prêt-à-vivre !
Nous gardons notre libre arbitre
Indifférents à vos lubies
Voilà voilà ce qu’au grand jamais vous n’aurez
Voilà voilà ce qu’au grand jamais ils n’auront

Vous jetez vos regards hautains
Sur nos corps sur nos embarras
Vous croyez voir des choses en moins
Alors que « le progrès, c’est moi ! *»
Voilà voilà ce qu’au grand jamais vous n’aurez
Voilà voilà ce qu’au grand jamais ils n’auront

Qu’on acquiesce au sort qui grimace ?
Qu’on boude la joie entêtée ?
Qu’on laisse s’éteindre les beautés ?
Et remonter toutes les disgrâces ?  
Voilà voilà ce qu’au grand jamais vous n’aurez
Voilà voilà ce qu’au grand jamais ils n’auront

Ne plus rêver, dedans-dehors ?
Regarder pousser la déveine ?
Nous recroqu’viller sur nos peines ?
Comme si plus rien ne peut éclore ?
Voilà voilà ce qu’au grand jamais vous n’aurez
Voilà voilà ce qu’au grand jamais ils n’auront

Négliger chagrins et détresses ?  
Ne plus aimer, ne plus languir ?
Assécher nos puits de tendresse ?
Au lieu de tout charivarir?
Voilà voilà ce qu’au grand jamais vous n’aurez
Voilà voilà ce qu’au grand jamais ils n’auront

Nous, artisans de l’avenir
Solidaires : femmes et hommes et trans
On s’en fout c’est pas vos oignons
Nous butinons, nous bâtissons
Voilà voilà ce qu’au grand jamais vous n’aurez
Voilà voilà ce qu’au grand jamais ils n’auront

Vous qui ?
Vous qui croyez tenir nos vies
Qui vous jouez de nos ennuis
Vous qui n’êtes que diversion
Dans ce monde en ébullition
Vous, les faiseurs ou les jouets
De ces violences, de ces désordres
Petits potentats impulsifs
Oppresseurs vils et instinctifs
Ignorants des trésors enfouis
Dans ces promesses qui vous dépassent
Dans ces prodiges qui vous débordent
D’où nous vient cette volonté
De refuser de nous soumettre ?
De ne rien céder à la force
Ni à vos intimidations
Ne pas craindre vos ordalies
Ni sombrer en mélancolie ?
Nous buvons et nous danserons
Sur vos paniques de poltrons
Sur vos imprécations rancies
Sur vos défaites et vos replis
Sur vos angoisses, vos inepties
Nous buvons et déjà dansons
A nos vigueurs, à nos gaités
A la vie, à ses brasillances
A nos exploits, à nos loupés
D’où nous vient cette volonté ?
Voilà voilà ce qu’au grand jamais vous n’ saurez
Voilà voilà ce qu’au grand jamais vous n’aurez

Nous savons la fraternité
Rude et rêche à l’accomplissement
Rétive aux fausses simplicités
Plus âpre qu’un combat de plaine
Nous sommes ses hardis fantassins
Et notre chant qui ne faiblit
Ne dépérit ni ne s’épuise
Usera vos inimitiés
Vous qui ?
Vous qui croyez tenir nos vies. 

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