Source : https://usbeketrica.com/fr/article/il-faut-etendre-le-systeme-de-la-securite-sociale-a-la-mort
Tous deux professeurs d’histoire, Alban Beaudouin et Jean-Loup de Saint-Phalle militent depuis quelques années pour créer une Sécurité sociale de la mort. Ils ont fondé le collectif Une chose commune – Pour une Sécurité sociale de la mort, composé d’une dizaine de membres.
Dans cet entretien tiré du numéro 38 du magazine d’Usbek & Rica, publié en janvier 2023 et toujours disponible sur notre site, ils nous détaillent leur projet. Un échange éclairant et toujours d’actualité, alors qu’un projet de loi ouvrant une « aide à mourir » sous « conditions strictes » sera présenté en avril 2024 en conseil des ministres.
Source : https://www.monde-diplomatique.fr/2024/11/BEAUDOUIN/67740
Les obsèques ne sont pas une marchandise
Autour des obsèques gravitent nombre d’acteurs régis par une forme de marché. À un moment de grande vulnérabilité, les proches endeuillés n’ont d’autre choix que de consommer des prestations dont ils ignorent généralement tout. Pourtant, les ambitions initiales du régime général de la Sécurité sociale prévoyaient une prise en charge par la collectivité.
L’un des écueils du système funéraire français tient à l’éventail des prix. Estimé en moyenne en 2023 à plus de 3 800 euros, qu’il s’agisse d’une inhumation ou d’une crémation, le coût des mêmes prestations peut varier du simple au quadruple. Les deux groupes qui dominent le marché proposent une segmentation de l’offre, du bas de gamme au service de luxe. Au premier plan, les Pompes funèbres générales (PFG), acquises par l’entreprise Omnium de gestion et de financement (OGF) en 1998, ont pour actionnaire majoritaire (74 %) le fonds de pension des enseignants de l’Ontario. Apparu en 1985, Roc Eclerc est la propriété du groupe Funecap, constitué en holding. PFG et Funecap réalisent 35 % du chiffre d’affaires généré par les activités funéraires et possèdent des secteurs-clés, comme la fabrication de cercueils.
Les indépendants sont tributaires de ces deux grands pour des services tels que l’utilisation de logiciels de gestion. Funecap et OGF-PFG gèrent aussi les deux tiers des crématoriums. C’est le cas depuis 2021 de celui du Père-Lachaise, dont les tarifs ont grimpé d’environ 20 % dans les deux années qui ont suivi.
Le système ne garantit pas une égalité territoriale aux défunts quand certaines infrastructures manquent : des départements comme la Haute-Loire, le Lot ou la Lozère n’ont pas de crématorium. Les Guyanais doivent, par exemple, assumer le coût supplémentaire du transport du corps en Martinique, à près de 1 500 kilomètres.
Des aides existent pour alléger la charge économique des obsèques. La Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) alloue aujourd’hui un capital-décès non imposable de 3 910 euros aux ayants droit qui en font la demande lorsque le défunt était salarié dans les trois mois précédant son décès. Le montant de l’aide peut être plus important s’il s’agissait d’un bénéficiaire d’allocation-chômage, de pension d’invalidité, de rente en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle avec incapacité physique permanente, ou encore d’un praticien médical, d’un artisan ou d’un (...)
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